Développement durable

Coup de projecteur sur l'agriculture Bio

  • Publié le 10 juin 2008 à 00:00

Le groupement des agriculteurs biologiques (GAB), la Chambre d'agriculture et la mairie de Saint-Paul organisent, ce dimanche 15 juin 2008 sur le parking du théâtre de Saint-Gilles, le premier salon dédié aux cultures écologiques de l'île. Cette journée gourmande et festive entre dans le cadre de la 9ème édition du Printemps Bio national qui se déroule du 1er au 15 juin 2008.

L'objectif de la manifestation, à La Réunion comme en métropole, est de faire connaître au plus grand nombre les techniques, pratiques, principes et valeurs de ce mode de production respectueux de l'environnement. A La Réunion, on ne sait pas encore très bien ce que c'est que le Bio. Et pour cause, seuls 31 producteurs certifiés (ou en cours de certification) Bio sont référencés sur l'île, soit 0,3 % des exploitations contre 2 % en métropole. La faiblesse de ce ratio s'explique en partie par le fait que la démarche de certification n'a débuté qu'en 2003 ici. Du coup, la production est chétive et encore peu visible du consommateur. Il n'empêche, on peut déjà trouver sur les étals des marchés locaux de nombreux fruits et légumes issus de l'agriculture bio. Alexis Gazzo, jeune producteur installé avec sa famille dans les hauts de Boucan Canot, cultive du maïs, de la roquette, des carottes, des radis, du chou rave, des bringelles, des poireaux, des topinambours mais aussi des papayes, des mangues (José, américaines, Aristide) et des épices, pour ne citer que quelques denrées. Sous peu, il doit s'essayer au café bourbon pointu, mais d'abord pour sa consommation personnelle.

Une agriculture " propre " et saine

Porteuse d'une éthique forte, l'agriculture biologique revient aux origines même de l'agriculture. Elle s'interdit l'utilisation des produits chimiques de synthèse (engrais, pesticides) ainsi que des OGM, contribuant ainsi à une meilleure santé de la terre et à la préservation des qualités de l'eau et de l'air. Parfois moins gros et moins beaux que d'autres, les fruits et légumes bio, cultivés en saison, selon des méthodes naturelles, présentent des qualités gustatives et nutritionnelles pleinement respectées. En matière d'élevage, l'agriculture bio privilégie une conduite extensive, une alimentation biologique et le recours aux médecines douces. Bien évidemment, l'agriculture labellisée " bio " est soumise à un contrôle et à des règles françaises et européennes très strictes. Les produits sont identifiables dans le commerce grâce à deux logos AB (Agriculture Biologique), l'un français (vert et blanc), l'autre européen (bleu étoilé blanc et vert)

Bon pour la santé, bon pour La Réunion

Le 1er salon du Bio réunionnais a pour ambition d'initier le consommateur aux saveurs et aux valeurs de l'agriculture " verte " dans le but de séduire et de fidéliser une nouvelle clientèle. A moyen terme, quand la production sera plus importante, la mairie de Saint-Paul aimerait que la restauration scolaire puisse bénéficier de l'alimentation bio. Mais pour Eric Metas, apiculteur bio et vice-président du GAB, écouler la production n'est pas l'essentiel, du moins pas encore. D'abord, il faut pouvoir produire, " créer un volume ", et cela dans de bonnes conditions. Pour cela, le GAB préconise avant tout de sensibiliser la population et les pouvoirs publics aux enjeux du bio à La Réunion. D'où l'idée de ce premier salon. Favoriser davantage les cultures écologiques sur l'île permettrait en effet de sauvegarder son patrimoine naturel et d'assurer un héritage de qualité aux générations futures.

Le Bio réunionnais pourrait devenir un modèle pour les pays tropicaux

" Notre démarche est militante, explique-t-il. L'île est fragile et nous voulons laisser à nos enfants un héritage qu'ils pourront utiliser. Pour limiter notre impact sur l'environnement, nous utilisons des techniques ancestrales ; nous avons également la chance d'avoir des producteurs très bien formés et de bénéficier, grâce au Cirad, d'un outil de recherche extrêmement performant ; nous avons donc beaucoup à offrir, à partager. Mais il faut qu'on nous en donne les moyens ". Pour le vice-président du GAB, le développement du bio à La Réunion, milieu tropical soumis à des contraintes climatiques importantes et aux invasions multiples d'insectes ravageurs, relève de la gageure. Pourtant, si la filière, accompagnée par les pouvoirs publics et soutenue par des aides et des financements suffisants, réussit à s'implanter, La Réunion pourrait bel et bien devenir le " faire-valoir, la vitrine du bio en milieu tropical ". Enjeu environnemental, le bio deviendrait également un enjeu social important car le besoin en main d'?uvre serait fortement accru. " Nous ne demandons pas que toutes les exploitations agricoles de l'île se mettent au bio poursuit-il ; mais qu'au moins les jeunes agriculteurs puissent bénéficier de mesures incitatives pour se convertir ou diversifier leur production. L'agriculture bio ne peut pas régler tous les problèmes de l'environnement mais il faut la voir comme une des réponses, une des solutions possibles ".

Programme

Outre des stands de vente de produits Bio (fruits et légumes, pains, jus, miel, produits à base de soja), tenus par les différents producteurs locaux, le salon accueillera des magasins diététiques et de bien-être ainsi que la chambre d'agriculture. Animées par le Cirad, le GAB et des représentants de la chambre consulaire, des conférences-débats émailleront la journée. Elles porteront sur l'intérêt du Bio pour la santé des consommateurs et pour l'avenir de La Réunion. Enfin, une tombola aura lieu avec, comme lots, des paniers garnis, des repas dans une ferme Bio à Bras-Panon et la visite d'une ferme pédagogique à la Rivière Saint-Louis.

Salon ouvert dès 9h.
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