Le choix d'une candidate nantaise créé la polémique

Remplacement de Sudel Fuma - Le Crefom demande la suspension de la nomination

  • Publié le 3 juin 2016 à 10:19

Dans un nouveau courrier envoyé ce jeudi 2 juin 2016, le Conseil Représentatif des Français d'Outre-Mer (CREFOM) demande à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de suspendre la nomination pour le poste de Maître de conférences laissé vacant par Sudel FUMA. Dans ce courrier, le Crefom fait part de "ses certitudes concernant les irrégularités constatées lors du concours de recrutement". Le Conseil d'administration de l'Université de La Réunion du 26 mai 2016 ayant validé le recrutement sur le poste, il appartient désormais à la ministre de prendre l'arrêté de nomination.

Cela fait maintenant plusieurs semaines que le recrutement d'une candidate nantaise pour succéder à Sudel Fuma suscite la polémique. Mais cette fois, le Crefom, par la voix de son président Patrick Karam, enfonce le clou et affirme à la ministre avoir acquis la conviction que des irrégularités ont entâché le concours, "sur la base des rencontres qu’il a eu avec les historiens réunionnais et à la lecture des documents qu’il eu l’opportunité d’examiner lors de son séjour à La Réunion" (lire ci-dessous).

Le Crefom attend ainsi que "Najat Vallaud-Belkacem intervienne afin d’obtenir l’annulation de ce concours et sa reconduction dans des conditions exemptes de toute irrégularité et partialité et compte tenu de l’urgence de prendre une mesure de suspension de l’arrêté de nomination qui va lui être soumis", "afin de permettre à la nouvelle gouvernance de l’université de procéder au réexamen de ce dossier dans la sérénité. "

Patrick Karam dit à la ministre avoir pu mesurer lors de son bref séjour à La Réunion, "l’émoi et l’indignation des Réunionnais dans cette affaire qui révèle encore une fois la confirmation d’une impression de plus en plus partagée que même à compétence supérieure le réunionnais n’accède pas aux responsabilités". Il l’alerte sur la mobilisation des associations culturelles qui s’amplifie et c’est dans un souci de règlement amiable que le CREFOM avait sollicité son intervention pour un contrôle de légalité avant la décision du conseil d’administration.

Enfin le président du CREFOM conclut en déclarant : " votre décision très attendue sera d’une portée symbolique forte pour La Réunion et en mémoire de l’éminent historien réunionnais Sudel Fuma. Elle sera perçue comme un message d’espoir à l’adresse d’une jeunesse menacée de désespérance dont la confiance en l’avenir s’effrite de jour en jour et pourra rassurer les associations aujourd’hui consternées par cette décision. "

Dans sa lettre, le Crefom liste les arguments qui le poussent à penser que le dossier doit être rééxaminé

Le courrier, que nous reproduisons, liste une série d'arguments, pour convaincre la ministre de la nécessité de suspendre la nomination.

Le Crefom précise qu’il a découvert que le recrutement sur le poste  de Maître de conférence N° 003, " Histoire de l’esclavage, de l’engagisme et de l’économie sucrière dans les colonies du sud-ouest de l’océan Indien, XIIIe-XIXe siècles " à l’université de La Réunion, vacant depuis juillet 2014, avait fait l’objet d’un concours infructueux en 2015 en raison de pressions subies par le président du comité de sélection le professeur Prosper Eve de l’Université de La Réunion qui a été placé dans l’impossibilité de réunir ladite commission du fait du désistement de dernière minute des membres extérieurs, de l’université de Nantes. Le professeur Prosper Eve s’est d’ailleurs largement exprimé sur ce point lors de la conférence de presse du CREFOM le 29 mai 2016 à Saint-Denis de La Réunion.

Il déclare donc : " il est clairement apparu que la mise en échec de la procédure de recrutement par les Nantais était en lien direct avec l’incertitude dans laquelle ils se trouvaient de ne pouvoir obtenir de Prosper Eve la garantie que leur candidate allait être retenue (celle-là même qui est aujourd’hui proposée au recrutement).

Les faits observés dans la procédure mise en œuvre en 2016 ne font que reproduire le scenario avorté en 2015. "     
Il tient à souligner qu’il ne s’agit pas dans ce dossier d’un problème entre locaux etextérieurs mais bien d’irrégularités dans la composition du comité de sélection dénoncées parles historiens dans un courrier adressé au Recteur de l’académie de La Réunion avant la tenuedu conseil d’administration du 26 mai 2016.

En complément des informations déjà transmises à la ministre dans son précédent courrier, Patrick Karam porte à sa connaissance les nouveaux éléments à prendre en compte dans ce dossier.

A savoir :

1) L’examen des dossiers de chacun des candidats au concours a été confié à deux rapporteurs (un local et un extérieur) à l’exception de celui du candidat réunionnais le plus capé qui a été examiné par deux rapporteurs extérieurs. Cette décision prise par le président du Comité de sélection constitue une rupture d'égalité dans le concours.

2) L’ordre du jour de la première réunion de ce Comité de sélection n’a pas suivi la réglementation puisque dans cette même réunion le président du Comité a voulu répartir les dossiers des candidats aux rapporteurs, faire les rapports pour examiner les dossiers et sélectionner les candidats à auditionner. La première réunion ne doit dans les textes réglementaires que permettre la répartition des dossiers des candidats entre les rapporteurs.

3) Les réunions successives de ce comité se sont tenues sans avoir le quorum obligatoire. Du fait de la non- participation des historiens locaux (parmi lesquels le directeur du Département Histoire et le directeur du Centre de recherches en Histoire de l'Université de La Réunion), la réglementation du quorum obligeant que quatre personnes soient présentes physiquement dans l’Université qui recrute et convoque, n’a pas été respectée. L’ordre du jour des réunions de ce Comité de sélection indiquait clairement que les autres sites (Bordeaux, Paris) étaient en visio-conférence donc c’est bien à l’Université de La Réunion que devait se trouver les " quatre membres présents physiquement "

4) Un courrier de soutien à la candidature nantaise émanant de l‘UFR d’histoire de Nantes a été lu en séance par le président de l’université avant les délibérations du conseil d’administration restreint du jeudi 26 mai, appelé à se prononcer sur le recrutement. A contrario, les arguments des historiens de l'Université de La Réunion (qui avaient écrit à trois reprises au Président de l'Université pour lui signaler les irrégularités et dysfonctionnement du Comité de sélection) n'ont pas été présentés aux membres de ce conseil d’administration. La lecture de ce courrier avant le vote a influencé le choix des membres du conseil d’administration.

5) La décision de recrutement sur ce poste a été prise par un Conseil d'Administration restreint en fin de mandat qui dans le cas présent et en dépit d’un calendrier serré, eut été plus inspiré de différer sa décision en attendant qu’une procédure plus conforme aux règles déontologiques et légales en vigueur soit mise en œuvre par le nouveau conseil dont l’élection était intervenu deux jours auparavant.

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2 Commentaires
Voltaire974
Voltaire974
7 ans

Le CREFOM, coquille vide qui ne représente qu'une personne, son président autoproclamé. Ce "machin" pour reprendre une expression du Général, est un outil pour la politique du ventre de M. Karam. Nou lé pas couillon et savons que M. Karam ne défend que ses intérêts. Il se fiche royalement de la REUNION et des Réunionnais.

Papy José
Papy José
7 ans

Pourquoi ne pas nommer Enis Rockel ... très compétent en histoire de la Réunion