L'Artane, le Rivotril, le zamal, l'alcool...

Pour oublier son mal-être, "se mettre l'effet", le plus vite possible

  • Publié le 5 août 2016 à 11:00

La consommation d'Artane et de Rivotril, ces petits cachets à usage détourné qui fleurissent dans les trafics de rue, va bon train. Dans un article du journal le Quotidien paru ce mercredi 3 août 2016, on y décrit le "cocktail explosif" ingéré par les consommateurs, composé de comprimés mélangés à l'alcool et au zamal. Pour trouver "un pétard l'effet", les adeptes ne sont plus à la recherche de nouveaux produits mais tendent à accélérer leur processus de consommation pour atteindre un état second le plus rapidement possible. De plus, "il n'y a pas que les délinquants qui prennent de la drogue" souligne Jean-François Guignard, directeur du réseau Oté - ouverture thérapeutique et éducative.

Le cocktail molotov des rues

Ce n’est pas nouveau. L'Artane et le Rivotril, additionnés à l'alcool et au zamal constituent le mélange détonant pour atteindre un état proche de celui généré par l'ecstasy, les amphétamines ou le crack. Les psychostimulants, prescrits à l'origine pour soigner la maladie de Parkinson (Rivotril) et réduire l'épilepsie (Artane) sont d'ailleurs sous le coup d'une stricte réglementation. Pourtant, ces médicaments, sur le marché noir trouvent des clients pas toujours malades et nourrissent le trafic de drogue local.

Comme le précise l'article du Quotidien paru ce mercredi, "le fléau semble avoir pris racine depuis des décennies" sur notre territoire, "contrairement à la métropole ou cette pratique reste dérisoire". Spécificité locale aux lourdes conséquences sur la santé, la délivrance du Rivotril par exemple est très réglementée. Seule la présentation d'une ordonnance signée d'un neurologue ou d'un pédiatre peut permettre la délivrance du médicament, tandis que les pharmaciens procèdent également à des contrôles rigoureux, comme la vérification de la véritable provenance de la prescription. "Nous vérifions toujours auprès du médecin noté sur l'ordonnance avant de donner les médicaments. On regarde aussi le genre de personne qui vient les demander" confie un pharmacien de Saint-Denis.

Le sirop pour la toux, prisé de certains jeunes

Si la consommation des cachets n'a pas réduit depuis plusieurs années, "144% de vente en plus en 20 ans" selon les informations du Quotidien, elle pourrait aussi faire le beurre des laboratoires pharmaceutiques. "L'Artane est complètement obsolète et pourrait être retiré de la vente. Ce qui est plus préjudiciable, c'est que le rouleau de zamal est vendu plus cher que ce qu'ils appellent le chimique" ou la drogue médicamenteuse souligne Jean-François Guichard, thérapeute et directeur du centre de soin en addictologie du réseau Oté.

Pour l'heure, malgré l'alerte lancée en janvier 2015 concernant l'arrivée du "cristal meth" sur le marché local, les toxicomanes ne chercheraient pas à trouver de nouveaux produits pour "gagner l'effet", même si, selon le pharmacien dionysien interrogé, "certains jeunes viennent régulièrement chercher du sirop pour la toux. Mélangé à l'alcool, la molécule a des effets euphorisants" prévient le gérant de l'officine, tandis qu'il multiplie les contrôles pour éviter que l'addiction ne se propage.

"Se mettre l'effet", le plus vite possible

Si le trafic de cachets, comme celui du zamal sont évidemment illégaux, l'alcool et le tabac sont eux des produits additifs autorisés à la consommation. " On parle toujours de l'Artane et du Rivotril comme pour créer l'évènement, mais on parle beaucoup mois de l'addiction à l'alcool qui touchent des consommateurs de plus en plus jeunes" pointe le directeur du réseau Oté. De plus, la prise de drogue ou d'alcool "n'est plus simplement pour avoir plus de plaisir ou pour éviter une souffrance. Maintenant cela peut être aussi juste pour se mettre "sous effet", c'est l'évolution notable. La façon de consommer a changé. Par exemple il y a une précocité de la consommation qui s'est aggravé et la polyconsommation est devenue la règle. C'est rare de trouver un jeune qui ne consomme qu'un seul produit" a t-il ajouté.

Concernant les traitements à l'addiction, ceux-ci passent notamment par une réduction voire la disparition des publicités accrocheuses pour les boissons alcoolisées, comme le préconise "Le livre blanc" rédigé par l'addictologue du CHU Félix Guyon, David Mété. De son côté, le directeur de la Kaz Oté estime qu'il faut d'abord "comprendre pourquoi un jeune se drogue" plutôt que de se concentrer systématiquement sur la nature de la drogue elle-même.

La prise de psychostimulants, de zamal ou d'alcool permet parfois (à tord) de palier une souffrance, un mal être. "Il n'y pas que les dangereux qui se droguent" lance Jean-François Gignard. "Il faut penser que certains n'ont aucune perspective d'avenir, que nous avons 40% de chômage chez les jeunes. Ils se "mettent l'effet" pour oublier qu'il n'ont pas la possibilité de passer le permis, ou d'aller au cinéma parce qu'ils n'ont pas d'argent" termine t-il.

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
j\'adore mettre l\'effet
j\'adore mettre l\'effet
7 ans

moi aussi j'adore mettre l'effet tout le temps. J'utilise adobe after effect CS6 et le tracking 3D. Mais pour l'extrusion des solides j'y arrive pô.