Etats généraux des violences faites aux femmes [AUDIO - VIDEO]

Violences conjugales : "partir au premier coup, ce n'est pas simple"

  • Publié le 25 novembre 2016 à 16:08

Les premiers états généraux des violences faites aux femmes se sont ouverts ce vendredi 25 novembre 2016, au Cinépalmes de Sainte-Marie. Cette journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes était l'occasion pour les différents acteurs de présenter leur travail, en présence des associations, des collectivités, des victimes elles-mêmes et du Préfet, qui participe "à ce problème grave de société".

Pas moins de 50 réunions de travail ont été nécessaires avant la mise en place des premiers états généraux des violences faites aux femmes. Au sein du Cinépalmes de Sainte-Marie, 700 personnes étaient présentes tandis que plusieurs autres, arrivées après 9h00, n'ont pas pu accéder à la salle de conférence, faute de place. Les discours officiels ont ouvert les séances de débat, qui se poursuivront jusqu'à ce samedi 26 novembre.

Dominique Sorain, le procureur général Claude Laplaud, mais aussi Nassimah Dindar, Monique Orphé et Huguette Bello ont tour à tour relevé les avancées, mais également le travail qu'il reste à faire en matière de prévention et de prise en charge des victimes de violences conjugales.

 

 

L'objectif d'une telle séance, initiée par la Préfecture de La Réunion est d'éclairer les consciences sur la gravité de ce problème sociétal. Si La Réunion n'est pas le seul département touché par le fléau, des réponses locales sont nécessaires pour que les victimes s'échappent avant qu'il ne soit trop tard.

Après le rappel des meurtres d'Ingrid Gonfo, début 2016, morte de 120 coups de couteau assénés par son ex-compagnon en métropole, mais aussi ceux de Géraldine, Jocelyne, Marie-Andrée ou Patricia en début de séance, les victimes, certaines sous couvert d'anonymat, s'apprêtaient à témoigner de leur souffrances, physiques et psychiques.

Anne-Marie, femme joviale et très sportive, a été mariée pendant une vingtaine d'années à son mari, violent. Insultes, isolement, emprise, la victime, aujourd'hui divorcée témoigne. "Il faut partir, dès le premier coup" prévient-elle.

 

Celle qui inaugure la séance de témoignages lors de ces états généraux, explique avoir appris que son mari la trompait. Cet élément lui a donné le courage de demander le divorce, après avoir subi des pressions psychiques et des coups. Elle regrette que la loi "se place du côté du bourreau, car il est plus facile de faire partir un homme du domicile familial qu'une femme et ses enfants".

Selon les chiffres recensés en 2015, 4 plaintes sont déposées pour violences conjugales chaque jour, totalisant 1494 faits de violences envers des femmes constatés par la police et la gendarmerie. Également, 847 affaires liées aux violences conjugales, majoritairement à l'égard des femmes, ont été enregistrées au tribunal l'an dernier. Cela fait une moyenne de 2 affaires par jour, plaçant La Réunion parmi les départements les plus concernés. 

Le recours à l'ARAFUJA (association réunionnaise pour l'aide juridique aux familles et aux victimes), "partenaire historique de la justice", à augmenté de plus de 13%, passant de 290 à 335 victimes en 2015. Autant de chiffers "qui font froid dans le dos" selon le préfet et qui justifient la tenue de ces Etats généraux.

En 2014, l'observatoire régional des violences faites aux femmes a été créé pour permettre aux différents acteurs d'avoir un outil de veille, vecteurs d'informations précieuses à l'action publique.

Les débats se clôtureront ce samedi par la signature de plusieurs conventions entre les différents acteurs publics et privés, en présence de la ministre des droits des femmes en visite à La Réunion, Laurence Rossignol, concernant la prévention, l'insertion professionnelle des femmes, l'hébergement et surtout, la prise en charge des femmes victimes de violence.

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