En 2016, Kélonia a sauvé plus de trente animaux

Déchets plastiques et hélices de bateau : ces menaces qui pèsent sur les tortues

  • Publié le 6 janvier 2017 à 09:39

Bonne nouvelle pour les admirateurs des tortues. Depuis quelques semaines, elles sont nombreuses à visiter les lagons de l'Ouest et du Sud de l'île. C'est la session de "recrutement" où de jeunes tortues marines se rapprochent des récifs où elles trouvent une nourriture plus abondante. L'occasion pour les baigneurs de profiter d'un beau spectacle. Dans le plus grand calme, rappelle le directeur de Kélonia, qui incite les observateurs rencontrant une tortue blessée ou en difficulté à informer le parc. Car en 2016, ce sont plus de trente tortues qui ont été recueillies par le centre de soins du parc. Hélices de bateau, déchets plastiques, hameçons qui traînent... autant de dangers potentiels pour les animaux à carapace.

Plus de trente tortues sauvées en 2016 : c’est le bilan positif que dresse le centre de soins Kélonia. Un chiffre qui symbolise aussi l’évolution des comportements et des mentalités. "Avant, quand les tortues entraient dans le lagon, elles étaient pratiquement et systématiquement braconnées" se remémore Stéphane Ciccione, directeur du parc. Depuis, un important travail de sensibilisation a été mené et a "porté ses fruits".

Plusieurs fois par semaine, le centre reçoit des informations et des photos qui leur permettent d’identifier espèces et individus naviguant dans les eaux réunionnaises. Durant ces derniers jours, le réseau d’observateurs de Kélonia a signalé la présence de tortues dans les lagons du sud et de l’ouest. La majorité visite l’île pour la première fois : c’est l’étape du "recrutement". Après avoir passé plusieurs années au large, de jeunes tortues marines se rapprochent des récifs où elles trouvent une nourriture plus abondante. Baigneurs peuvent ainsi se rajouter au stade des – chanceux – observateurs que sont les plongeurs et apnéistes.

Cela fait trente ans que Stéphane Ciccione travaille sur les tortues marines et il estime que les "choses ont vraiment évolué, en ce qui concerne la préservation des tortues à La Réunion". Si auparavant, des gens "sortaient du lagon avec une tortue sous le bras", ce n’est heureusement plus le cas actuellement. Une prise de conscience qui favorise aussi le sauvetage des animaux marins. Depuis que le centre de soins existe, au moins 25 tortues sont sauvées chaque année. Une moyenne qui existe grâce au réseau d’observateurs, majoritairement composé de pêcheurs – professionnels ou plaisanciers – voire même de baigneurs.

La principale menace qui pèse sur les tortues : les déchets plastiques. "On a des observations systématiques de déchets plastiques dans les intestins de tortues" déplore le directeur. Il y a six ans, 50 % des tortues étaient concernées. Aujourd’hui, c’est le cas de plus de 90 % des spécimens. Viennent ensuite les captures accidentelles. Certaines tortues "avalent le hameçon" et doivent ensuite être opérées. Une autre cause, moins connue, mais particulièrement dangereuse : les hélices de bateau, qui peuvent biser la carapace de la tortue et entraîner de graves blessures. Ce sont une à deux tortues par en qui en subissent les conséquences. "On a tendance, lorsqu’on est en mer, à imaginer que l’océan est vide, alors que ce n’est pas forcément le cas…" remarque le directeur. Les attaques de requin – comme celle qui a été constatée à la fin de l’année 2016 – sont beaucoup plus rares.

Le centre de soins de Kélonia, unique dans l’Océan Indien, accueille régulièrement ces tortues blessées. Avec 15 bassins et 100 mètres cube de bassins de convalescence, cette structure "n’a pas d’équivalent dans la région".

Avec ces tortues qui reviennent dans le lagon, le directeur tient aussi à rappeler les gestes à effectuer en cas de bonne fortune : "Il faut avoir des gestes lents, de façon à ne pas l’affoler. Sinon, elle va partir à toute vitesse". Et bien sûr, il ne faut absolument pas tenter de l’attraper ! Si les baigneurs respectent ces recommandations, ça permet aussi d’avoir "des tortues qui s’accoutument à la présence des baigneurs". Ce qui est de très bon augure pour leur installation dans le lagon.

 

 

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