Tribune libre de Joé Bédier

Didier Robert contre l'égalité réelle

  • Publié le 24 janvier 2017 à 08:30

Joé Bédier, conseiller régional, réagit suite à l'intervention de Didier Robert au Sénat sur le projet de loi "Egalité réelle", la semaine dernière.

La charge de Didier Robert au Sénat contre le projet de loi " Egalité réelle outre-mer" va au-delà de la tradition politique française, qui veut qu’on s’oppose beaucoup par principe, un peu pour corriger ou -cela arrive – pour enrichir un projet. L’intervention de notre parlementaire exprime et traduit, elle, des orientations et positions qui sont inquiétantes pour l’avenir de l’île.

L’assaut contre le projet de loi commence symboliquement par la proclamation du dogme de l’ultra libéralisme et la présentation de l’égalité comme un " concept creux " et surtout un des " grands dangers pour la démocratie". Exit donc de notre devise républicaine l’égalité, une des trois grandes valeurs qui sont la base de notre " vivre ensemble " ! Une position qui s’inscrit dans la ligne politique de la droite locale la plus dure : son ami Jean-Paul Virapoullé ne s’était-il pas opposé il y a vingt ans à l’égalité sociale ?

Vient ensuite un monument d’inepties sur l’outre-mer et cela de la bouche même d’un de ses représentants : le retard sur la métropole se réduit à " des efforts de rattrapage et d’ajustement (qui) sont encore à réaliser sur certains sujets…comme pour certains territoires métropolitains également " ! Et ces " sujets " qui sont pour lui les seuls à justifier des efforts de rattrapage sont l’accès aux filières d’excellence, la diffusion de toutes les chaînes de télévision nationale, la préparation aux concours et la possibilité de retour après mobilité ! Les taux record de chômage, de pauvreté, d’illettrisme, deux à trois fois plus élevés qu’en métropole, les retards considérables en matière de développement économique, d’éducation, de formation, de santé, tout cela ne relève pas pour lui du rattrapage et en tout cas ne mérite pas des " efforts ".

Qu’un élu aussi important de l’outre-mer puisse tenir un discours si éloigné de la réalité est grave et ne permet pas d’espérer de lui et de son camp politique les initiatives, propositions et décisions exigées par la situation, si ce n’est comme il le dit lui-même quelques " ajustements " qui restent à faire. Sans compter le mépris sinon l’insulte adressé à la face de la population réunionnaise qui connait chaque jour les drames du chômage et de la pauvreté.

M. Didier Robert persiste par ailleurs dans l’hypocrisie qui consiste à revendiquer haut et fort la reconnaissance des spécificités locales et " une plus grande liberté " pour nos collectivités, tout en se rangeant à chaque fois du côté des assimilationnistes et dogmatiques du droit commun. Il en est ainsi de notre identité culturelle : il dénonce dans un modèle d’opportunisme politique une déclaration de François Fillon sur la colonisation, qui l’aurait heurté profondément en tant que Réunionnais, alors que quelques mois auparavant il s’opposait au projet de loi constitutionnelle nécessaire à la ratification de la charte européenne des langues régionales…

C’est le même Didier Robert qui dénonce le pilotage trop généralisé des politiques par l’Etat et dans le même temps défend l’amendement Virapoullé qui empêche nos collectivités de décider elles-mêmes des mesures d’adaptation ; lui encore qui privilégie " l’expérimentation ", une procédure précisément pilotée par l’Etat ! Et dois-je rappeler à notre sénateur qu’on n’a pas vu de proposition d’amendement de sa part pour introduire dans la loi NOTRe (nouvelle organisation de la République) du 7 août 2015 des dispositions spécifiques aux régions et départements d’outre-mer ?

Quand Didier Robert conteste la notion d’égalité réelle et la présentation même du projet de loi, comment ne pas signaler la phrase prononcée avec solennité en ouverture des débats par le président du Sénat, Gérard Larcher : " Le Sénat examinera avec la plus grande attention le projet de loi qui lui est soumis, en gardant toujours à l’esprit que les outre-mer constituent, comme le rappelaient dans leur rapport de 2009 Serge Larcher et Eric Doligé, un défi pour la République et une chance pour la France ". C’est, il est vrai, un autre niveau de responsabilité.

Joé BEDIER, Conseiller régional

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2 Commentaires
Dany
Dany
7 ans

Il est comme son copain Copé qui disait qu'un pain au chocolat coûte 15 cts, complètement coupé de la réalité tellement il vit dans l'opulence. Quand il s'agit de défendre la Réunion sur un projet de loi important, il s'oppose parce qu'il ne veut pas de l'émancipation des Réunionnais, il préfère les tenir avec un bon voyage. Merci Joé pour ta réaction, ça sert au moins pour ceux qui lisent d'être au fait de la vraie personnalité de notre président de région.

macatia
macatia
7 ans

les gesticulations de notre gaulois tropicalisé didix robertus au sénat n'ont pas empêche son clan de voter pour le projet de la loi Ericka Bareigh. Ce bougre la y cause mais il ne connait pas ce qu'il dit comme un fantôme, il arrive au senat pour dire qu'il ne veut pas que nos gramounes bénéficient d'un minimum vieillesse de 800 euros. Destructeur de l’environnement avec sa NRL, de la biodiversité (il n'y a plus de baleines qui viennent fréquenter nos cotes), ce type est néfaste pour les réunionnais sauf pour les concessionnaires automobiles qui avec sa politique "tout auto" et son 2000 bus leur permettent de vendre plus de 20000 voitures par an. les conséquences de cette politique se feront bientôt sentir et nout toute va payer.