Allemagne

Merkel requinquée par une victoire lors d'un scrutin régional test

  • Publié le 26 mars 2017 à 20:45

Le parti conservateur d?Angela Merkel a nettement remporté dimanche une élection régionale test en Sarre avec au moins 40% des voix, douchant les espoirs des sociaux-démocrates de faire chuter la chancelière allemande lors des législatives de septembre.

Les chrétiens-démocrates (CDU) ont remporté au moins 40% des voix, 40,8% selon la chaîne de télévision publique ARD et 40% selon la chaîne ZDF, soit 5 points environ de mieux que lors du dernier scrutin dans cette ancienne région minière, à tradition ouvrière, frontalière de la France.

Parti plein d'espoir au vu de récents sondages, le parti social-démocrate (SPD) se retrouve nettement distancé, avec entre 29% et 30% des voix selon ARD et ZDF, alors que cette première élection de l?année devait mesurer la capacité réelle de son nouveau dirigeant Martin Schulz à faire vaciller Angela Merkel après 12 ans de pouvoir. Les derniers sondages avant le scrutin avaient prédit plus de 30% au SPD.

- Merkel requinquée -

Le SPD est au final en recul par rapport à son score du dernier scrutin pour le renouvellement du Parlement régional en Sarre, en 2012, où il avait obtenu 30,6% des voix. Le ministre social-démocrate de la Justice, Heiko Maas, a reconnu "une déception" pour son parti. "Clairement nous espérions plus", a-t-il dit.

Même si la portée de ce scrutin est relative car la Sarre ne compte que 800.000 habitants, soit seulement 1% de la population allemande, il était scruté de près en vue des élections législatives du 24 septembre. Le résultat va requinquer la chancelière, alors qu'elle subissait l?effet conjugué ces derniers mois des critiques à droite contre sa politique migratoire généreuse et de la poussée à gauche des sociaux-démocrates dans les sondages depuis le début de l?année suite à l'arrivée à leur tête de Martin Schulz, l?ancien président du Parlement européen.

La Sarre constitue a contrario un revers pour lui, alors que les derniers sondages nationaux prédisaient une lutte au coude-à-coude avec le parti chrétien-démocrate d?Angela Merkel en vue des législatives, avec des scores supérieurs à 30% dans les deux cas. L'"effet Schulz" sur lequel pariait le SPD, avec un discours clairement à gauche sur les questions sociales et une volonté de s?afficher comme homme "proche du peuple", montre ainsi, au moins provisoirement, ses limites.

Le SPD espérait au moins en Sarre talonner la CDU, afin de pouvoir quand même, par le jeu des alliances, s?emparer du pouvoir régional en formant une coalition avec la gauche radicale de Die Linke. Cette dernière est créditée de 13 à 14% des voix par les chaînes de télévision.

- 'Super année électorale' -

Le nombre combiné de sièges des deux partis de gauche ne suffira pas à forger une telle coalition dite "rouge-rouge" et les écologistes n?ont pas réussi à dépasser le seuil minimum des 5% pour entrer au Parlement régional. Des sondages de sortie des urnes des chaînes de télévision montrent en fait que le SPD a sans doute été pénalisé en Sarre par la perspective d'une alliance avec la gauche radicale, issue de l'ex-parti communiste de RDA, qui effraie une partie de l'électorat. "Cela nous a manifestement nui", a reconnu M. Maas.

Le SPD ne devrait avoir d?autre choix que de rester partenaire minoritaire d?une coalition dirigée plus fermement que jamais par la CDU et sa cheffe de file locale, Annegret Kramp-Karrenbauer, surnommée la "Merkel de la Sarre" et que la chancelière considère, à en croire les médias allemands, comme sa dauphine désignée.

La droite nationaliste de l'AfD, pour sa part, fait son entrée dans le Parlement de Sarre, avec 6% selon les chaînes de télévision. Elle est désormais présente dans 11 parlements régionaux sur 16 mais elle marque le pas en terme d'audience à mesure que la question des réfugiés, qui a beaucoup polarisé, reflue dans les priorités de l'opinion.

Le pays va encore connaître deux élections régionales à valeur de test en mai, notamment en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l'Etat le plus peuplé, avant le grand rendez-vous du 24 septembre pour les législatives.

AFP

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