Courriers des lecteurs de Raymond Lauret

Oui, voilà pourquoi...

  • Publié le 31 octobre 2016 à 10:14

Nous publions en intégralité un courrier des lecteurs rédigé par Raymond Lauret (photo d'illustration)

Loin de moi l’idée de porter un jugement quelconque sur ce qui s’est réellement passé le dimanche 23 Octobre dernier quand, vers 14h30, un détenu à tenter de se suicider dans une prison de notre département. Je me bornerai à seulement souligner ce qui me semble être une réaction désespérée qui, heureusement, a pu être maîtrisée par les agents de service qui ont su faire preuve de grand professionnalisme et éviter un drame, sous les yeux des familles présentes à cette heure-là pour visiter et soutenir un de leurs proches en détention.

J’évoque ce fait - que nous ne pouvons pas qualifier de " divers " - pour mettre l’accent sur le travail que réalisent tous les bénévoles qui ont choisi de donner de leur temps et de leur sens de la solidaritépour aider des détenus à vivre et accepter leur condamnation et lespréparer à ne plus retomber dans l’acte répréhensible.

Ce même dimanche 23 Octobre, lors de la messe célébrée à l’église Saint Yves, au Port, les fidèles ont pu entendre, non sans émotion, deux de ces personnes - deux femmes - venues témoigner du temps que les militants des " Aumôneries de prison " consacrent à ceux et celles qui, derrière les murs d’un Centre pénitentiaire, ont tant besoin d’entendre des paroles qui les aideraient à croire en demain… des paroles qui peuvent les préparer à vivre ce moment où ils retrouveront une vie normale et qui ne manque pas de gravité … des paroles qui peuvent leur montrer quels devront être alors leur attitude et leur devoir vis à vis de ceux qui ont beaucoup souffert à cause d’eux.

L’une des deux militantes donna lecture d’une lettre-témoignage d’une personne détenue. Ecoutez un passage: "… C’est ma première  incarcération, et je suis relativement jeune. Je suis croyant depuis toutpetit... Le Seigneur ne fait que nous tendre la main, mais il arrive bien trop souvent que, par orgueil, par vanité, nous allons bien trop loin dans nos actes. Et voilà que je me retrouve en prison…Au fond, je ne suis pas une mauvaise personne mais j’ai commis un acte désastreux. Je n’aurais jamais pensé commettre de tels faits "…

Gardons-nous de trouver que de tels propos sont trop faciles, puisqu’il est exact qu’ils n’effaceront pas le mal et la douleur provoqués. Mais, nous n’avons pas le droit d’oublier que le détenu, une fois sa peine purgée, sera face à sa vie et face à la vie. Il est bon qu’il soit préparé à cela.

Je sais qu’il se trouvera certains pour penser qu’il eut été plus intéressant que j’use de cette chronique pour évoquer les grands sujets de notre actualité. J’aurais pu, il est vrai, consacrer ces lignes à vous dire combien je souhaite qu’un Nicolas Sarkozy et qu’un François Hollande ne se retrouvent pas à solliciter les suffrages des Français lors des prochaines présidentielles.

J’aurais pu, il est vrai aussi, vous confier que j’ai trouvé lamentable l’initiative de deux de nos Maires de choisir le sabotage d’une finale
régionale de Coupe de France et de fragiliser ainsi gravement uneinstitution associative.

J’aurais pu également vous inviter à découvrir Rocaya Paillet, notre brillante animatrice-présentatrice à Réunion Première. Rocaya vient de sortir un petit livre tout beau et porteur d’un message d’une forceexceptionnelle qui rendra, j’en suis certain, service à tous ceux quiont à affronter l’épreuve d’un cancer. Oui, j’aurais pu vous pousser àavoir en main son témoignage bâti sur la confiance en soi et sur lesens de l’humour de celle qui a pu compter sur l’amour que luiportent son époux et son fils ainsi que sur l’affection de toute safamille et de nombre de ses amis. Ce petit livre, je l’ai acheté dans une librairie au bout de la Rue de la Compagnie, à Saint Denis. Je vous le conseille vivement…

Oui, j’aurais pu vous parler de cela.

Mais la vie est faite également de petites choses, de ces choses portées par de petites personnes. De ces choses et de ces personnes de peu dont on ne parle pas toujours et dont l’écrivain Pierre Sansot nous a appris, dans un bel ouvrage, à sentir combien elles nous entourent dans notre vie de chaque jour.

Voilà pourquoi, aujourd’hui, j’ai choisi d’inviter ceux qui me lisent à réfléchir à ce que, les uns et les autres, nous pourrions faire pour aider ceux et celles qui ont besoin d’être soutenus pour pouvoir repartir dans la vie, le moment venu.

Saluer le travail de ces bénévoles d’associations est la moindre des choses… Oui, voilà pourquoi.

Raymond Lauret

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1 Commentaires
dadou974
dadou974
7 ans

Merci Monsieur Lauret.