Le Piton de la Fournaise est en vigilance volcanique depuis le 4 décembre

Nicolas Villeneuve : "Une activité sismique qu'on n'avait plus vue depuis 2007"

  • Publié le 9 décembre 2014 à 05:15

Après une première activation du plan ORSEC spécifique au Piton de la Fournaise au mois de novembre, le volcan réunionnais est de nouveau en phase de vigilance depuis le jeudi 4 décembre 2014. Une décision qui s'explique par un regain d'activité sismique "qu'on n'avait pas vu depuis 2007" confie Nicolas Villeneuve, directeur de l'observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise. "On va très certainement vers une nouvelle éruption, mais on ne sait pas quand...", ajoute-t-il.

Après une première phase de vigilance en novembre levée le 1er décembre, le Piton de la Fournaise est de nouveau en vigilance depuis le 4 décembre. Comment expliquez-vous ces variations ?

"Depuis début septembre de cette année, on a une augmentation croissante, mais d’abord par phases avec augmentation de la sismicité, rebaisse, réaugmentation, rebaisse. À partir du 1er novembre, on a eu une très forte augmentation qui a été suivie d’un passage en dessous du seuil empirique qu’on s’est fixé, et de ce fait on a convenu avec la protection civile qu’on repassait hors phase de vigilance. Mais ça n’a tenu que quelques jours, car comme nous l’apprend l’expérience, la Fournaise évolue par à-coups."

Quelle est la situation actuelle du volcan ?

"Depuis le 3 décembre et le repassage en vigilance, on a une activité sismique soutenue et forte. Il y a un changement dans cette activité, c’est qu’on a le retour de séismes forts, avec notamment un séisme le 3 décembre qui a été calculé à 2.9 de magnitude de durée. C’est quelque chose qu’on n’avait pas enregistré depuis 2007."

Vers une nouvelle "recharge magmatique"

À quoi peut-on s’attendre dans les prochains jours ?

"C’est extrêmement variable et très difficile à prédire. Ceci étant, on voit au travers des trois types de méthode qu’on a pour suivre le volcan, qu’il s’agisse de la géochimie, de la déformation ou de la sismicité, une reprise d’activité très nette du Piton de la Fournaise, quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis 2007, à savoir une emprise profonde, aux alentours du niveau de la mer voire en dessous jusqu’à 1000 mètres sous le niveau de la mer, une mise en pression de l’édifice qui conduira probablement à une recharge magmatique. On va très certainement vers une nouvelle éruption, mais on ne sait pas quand..."

S’agit-il d’une recharge magmatique du même type que celle ayant conduit à l’éruption de 1998 ?

"Des études montrent qu’il semblerait que ce volcan ait des recharges magmatiques de façon cyclique. C’était le cas en 1998, c’était également le cas en 1977. Pour autant, pendant les intercycles, il y a également des recharges, c’est plutôt en continu. Mais effectivement, il y a eu des phases d’arrêt suivies de phases très nettes de recharge comme en 1998 ou en 1977, et il semblerait que le peu d’éruptions qu’on ait eues depuis  2007 soit à confondre avec une phase relative d’arrêt dans la partie recharge."

Existe-t-il donc des similitudes entre la situation actuelle et celle de 1998 ?

"La recharge de 1998, elle est très visible 6 mois avant l’éruption, on suit très bien l’évolution du magma depuis une zone profonde vers les chambres magmatiques superficielles. Mais déjà en 1996 on avait eu des séismes profonds. Donc on a beaucoup de corrélations avec cette période-là, notamment l’année dernière courant mars-avril où on a enregistré des séismes profonds aux alentours de 15 kilomètres en dessous du niveau de la mer au niveau de la Plaine des Palmistes."

"Des petites pochettes de magma perchées dans le massif"

Comment interpréter les petites éruptions survenant depuis quelque temps et qui ne dure que quelques heures ?

"Les éruptions qu’on a eues après 2007 sont des éruptions qui, dans leur contenu de magma, montrent une différenciation, c’est-à-dire qu’elles montrent un temps de résidence haut dans le massif. Cela, plus les faibles déformations enregistrées, plus la sismicité très haute dans le massif, ce sont les preuves de l’existence de petites pochettes de magma perchées dans le massif. Et ces petites pochettes de magma, il leur faut très peu pour se vidanger, il leur faut très peu en terme de variation de pression, il leur faut très peu en temps entre le moment où le premier précurseur arrive et le moment où la bouche éruptive va s’ouvrir. Mais comme ce sont des petites pochettes de magma, ce sont aussi de petites éruptions."

Actuellement, existe-t-il des signes précurseurs annonçant une éruption au sommet ?

"Si on avait des signes précurseurs annonçant une éruption au sommet, on ne serait pas là en train de parler, car on serait très proche de la date de sortie du magma et de la survenance de l’éruption..."

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
joli, depuis son mobile
joli, depuis son mobile
9 ans

Mon dieu il est beau le patron volcan ca change du barbu