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Une femme politique allemande poignardée par un anti-migrants

  • Publié le 18 octobre 2015 à 09:22

La chancelière allemande Angela Merkel se rend dimanche en Turquie, qui a accueilli fraîchement le "plan d'action" élaboré jeudi par l'UE pour retenir les migrants, alors qu'une candidate soutenue par son parti pour la mairie de Cologne, très impliquée dans l'aide aux réfugiés, a été poignardée samedi sur un marché.


Mme Merkel a "exprimé sa stupeur" et "condamné cet acte", a déclaré à l'AFP une porte-parole de la chancellerie. De son côté, le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, s'est dit "profondément choqué" par cette attaque "effroyable et lâche".
Henriette Reker, 58 ans, se trouvait sur un stand d'informations de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) dans un quartier de Cologne où elle faisait campagne pour l'élection municipale de dimanche, lorsqu'elle a été attaquée par un homme de 44 ans la blessant grièvement au cou.
L'agresseur, un chômeur allemand interpellé juste après les faits, a dit avoir "commis cet acte avec une motivation raciste", selon la police qui n'a toutefois pas exclu un acte d'un déséquilibré mental.
Mme Reker, chargée entre autres de l'accueil des réfugiés à la ville de Cologne, a été opérée samedi et son état est qualifié de "stable".
"Recker et Merkel nous inondent d'étrangers et de réfugiés", a dit le suspect à la police, selon le quotidien régional Kölner Stadtanzeiger. Selon le site internet de l'hebdomadaire Spiegel, cet homme, originaire de Bonn, était membre au début des années 1990 d'un parti d'extrême-droite allemand interdit depuis. Selon les enquêteurs il n'avait plus de contact avec cette mouvance mais aurait été repéré récemment pour ses commentaires xénophobes sur divers forums sur l'internet.
Dans la soirée les dirigeants et responsables politiques de tous bords de la région ont formé une chaîne humaine "contre la violence" devant l?hôtel de Ville de Cologne.
La chancelière, dont la politique accommodante envers les migrants est critiquée dans son propre camp, doit se rendre à Istanbul dimanche.
En attendant, le flot de migrants traversant les Balkans à destination de l'ouest de l'Europe s'est poursuivi. Après la fermeture dans la nuit par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie, par où ont transité plus de 170.000 personnes en un mois, les flux passaient à nouveau par la Slovénie.
Ce petit pays alpin a fait appel à l'armée pour une assistance strictement "logistique" pour le transit des migrants vers l'Autriche voisine.
Principalement originaires de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan, ils ont été pris en charge de façon "fluide" par les autorités slovènes, s'est félicitée une porte-parole de l'agence onusienne des réfugiés (HCR), Caroline van Buren.
La Slovénie a annoncé qu'elle ne s'opposerait pas au transit vers l'Autriche des migrants acceptant de se faire enregistrer, aussi longtemps que l'Allemagne, destination finale de la majorité d'entre eux, maintiendrait sa politique accommodante à leur égard.

- Budget inacceptable pour Ankara -

L'UE avait espéré avoir franchi un pas décisif jeudi pour tarir le flux avec son "plan d'action" destiné à inciter Ankara à conserver les migrants sur son territoire. Mais la Turquie fait monter les enchères, qualifiant ce plan de simple "projet", au budget "inacceptable".
Au total 2.700 migrants sont entrés samedi en Slovénie et devaient poursuivre leur route vers l'Autriche, pays qui s'est distingué par l'efficacité de l'accueil et de l'acheminement de plus de 250.000 migrants venant de Hongrie en moins de deux mois.
Un train spécial avec 1.200 migrants est arrivé de Croatie à un poste-frontalier slovène gardé par une centaine de policiers samedi soir, selon un correspondant de l'AFP. Et quelque 25 bus les attendaient pour les conduire dans des centres d'enregistrement avant leur transfert vers l'Autriche.
"Après un contrôle de sécurité, ils sont identifiés par la police et puis conduits vers Sentilj (un poste frontalier avec l'Autriche", a indiqué à la presse une porte-parole de la Croix rouge slovène.
Aux poste-frontières slovènes de Petisovci et de Gruskovje, à la frontière croate, de grandes tentes blanches attendaient les réfugiés pour leur enregistrement officiel. Dans une atmosphère bon enfant, les migrants --principalement des jeunes hommes, mais aussi quelques familles-- y sont soumis à une fouille avant de décliner leur identité et d'être acheminés vers l'Autriche.
Le périple des milliers de migrants affluant vers l'Europe via la Grèce, la Macédoine et la Serbie reste toujours périlleux : 12 migrants sont morts noyés samedi dans le naufrage de leur embarcation dans les eaux turques en tentant de rejoindre l'île grecque de Lesbos.
Peu avant, quatre migrants -- trois enfants et une femme -- ont trouvé la mort dans les mêmes circonstances, également en mer Egée, près de l'île grecque de Kalymnos.
De leur côté, 84 évêques britanniques ont adressé une lettre au Premier ministre David Cameron pour lui demander d?accueillir 50.000 réfugiés syriens au cours des cinq prochaines années. "La réponse du gouvernement semble de plus en plus inadaptée à l'ampleur et à la gravité du problème", a déploré l?évêque de Durham, Paul Butler.


Par Stephanie AGLIETTI - © 2015 AFP
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