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Régionales: le FN a le vent en poupe, au-delà de ses bastions traditionnels

  • Publié le 29 novembre 2015 à 21:19

Le Front national est en mesure de remporter au moins deux régions lors du scrutin des 6 et 13 décembre selon une vague de sondages qui donne également de sérieux espoirs au parti d'extrême droite dans des zones traditionnellement moins perméables à ses idées.


En progrès continu: au premier tour du dernier scrutin régional, en 2010, le FN avait récolté 2,2 millions des voix (11,42%). Cinq ans plus tard, lors des départementales de mars 2015, il en glanait plus de 5 millions (25,24%) au premier tour, améliorant son score des européennes de 2014 (4,7 millions) où il avait déjà devancé tous ses concurrents.
Rééditer le niveau des départementales, "c'est notre hypothèse de travail", expliquait, un mois avant les attentats, un cadre du parti pour qui un FN à 30% représenterait "une poussée importante". Or cette barre des 30% est atteinte dans trois sondages nationaux publiés après les attaques du 13 novembre, la dernière livraison de BVA pour la presse régionale lui accordant même 31%.
Dans le Journal du dimanche, l'institut Ifop place pour sa part le FN à égalité à 28% avec les listes Les Républicains-UDI-MoDem, loin devant le Parti socialiste et ses alliés du premier tour (22%).
"Il y a plusieurs mois, je disais que nous avions des chances de victoire dans quatre ou cinq régions. Nous y sommes", a déclaré Marine Le Pen dimanche à l'AFP. Le Front national "progresse parce que les Français sont en colère", décrit François Fillon (Les Républicains), pour qui une victoire frontiste dans une région "contribuerait à déstabiliser le pays".
Dans le détail, le FN est donné favori dans les deux grandes régions où concourt un membre de la famille Le Pen: Nord-Pas-de-Calais/Picardie pour la présidente du parti et Provence-Alpes-Côte d'Azur pour sa nièce Marion Maréchal-Le Pen.
Mais le FN nourrit également des espoirs en Bourgogne/Franche-Comté où BVA le place dimanche à égalité avec la droite (35%) au second tour, en Normandie avec une triangulaire très serrée, voire en Alsace-Lorraine/Champagne-Ardenne (Alca) où le candidat de droite Philippe Richert est talonné au premier tour par Florian Philippot.
Sans négliger Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées où le FN relève le faible score prêté à Dominique Reynié (LR-UDI-MoDem) et espère un vote utile en faveur de Louis Aliot face à la gauche au second tour. Le mode de scrutin assure une prime majoritaire conséquente au parti arrivé en tête.
- Le FN "surcoté" ? -
La droite, selon la même étude, est donnée favorite en Ile-de-France, en Centre-Val-de-Loire, dans les Pays-de-la-Loire et en Alca. Une défaite face au FN en Paca, voire en Bourgogne/Franche-Comté pourrait donc atténuer une victoire au plan national.
Donné pour principale victime de ces régionales, comme de tous les scrutins intermédiaires depuis 2012, le Parti socialiste refusait dimanche le catastrophisme. "Je continue à dire (que le FN) est surcoté, a lancé son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis. Les sondages ne mesurent pas le vote frontiste, ils mesurent la peur et en France, il y a un parti de la peur que structure le Front national".
La gauche reste, selon BVA, favorite en Bretagne, en Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées et en Aquitaine-Limousin/Poitou-Charente où l'écart, cependant, se réduit. Mais elle ne conserverait donc dans cette hypothèse que l'équivalent de six des vingt régions métropolitaines, hors Corse, qu'elle détenait avant la refonte de la carte régionale opérée par le gouvernement.
La pression reste néanmoins très forte sur le Parti socialiste dans les deux régions où le FN est favori. Faut-il se retirer en faveur de la droite pour barrer la route au FN ? Selon BVA dimanche, en Paca Marion Maréchal-Le Pen et Christian Estrosi seraient dans cette hypothèse à 50-50.
Dans le Nord, Marine Le Pen l'emporte en cas de triangulaire comme en cas de duel face à Xavier Bertrand. En revanche, bien que le total gauche soit supérieur au total droite au premier tour, l'hypothèse d'un duel entre Pierre de Saintignon (PS) et Marine Le Pen n'est pas testé.

Par Alexandre HIELARD et Ambre TOSUNOGLU - © 2015 AFP
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