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Venezuela: journée décisive pour le référendum anti-Maduro

  • Publié le 26 juillet 2016 à 09:52

L'opposition vénézuélienne devait savoir mardi si le référendum contre le président Nicolas Maduro pouvait suivre son cours, seule solution, soulignent les experts, pour éviter une explosion sociale.


Elu en 2013 jusqu'en 2019, le chef de l'Etat fait face à un Parlement contrôlé par une coalition de centre droit d'opposition, la Table de l'unité démocratique (MUD), depuis les élections législatives de décembre 2015.
Dès qu'ils sont arrivés aux manettes du législatif, ces antichavistes (du nom de l'ex-président Hugo Chavez, 1999-2013), ont exigé la tenue d'un référendum contre le dirigeant socialiste avant fin 2016. Pour cela, l'opposition a enclenché il y a quatre mois un processus long et complexe prévu par la loi.
Après avoir recueilli près de deux millions de signatures, dont seuls 1,3 million ont reçu le feu vert du Conseil national électoral (CNE), au moins 200.000 signataires devaient confirmer leur choix, en personne, fin juin.
C'est ce point précis que doit valider mardi le CNE, que l'opposition accuse d'être contrôlée par le gouvernement.
En cas de feu vert de l'autorité électorale, une collecte de quatre millions de signatures sera ensuite nécessaire pour pouvoir enfin convoquer le référendum lui-même. Pour destituer le chef de l'Etat, le "oui" devra dépasser le score du candidat Maduro à l'élection présidentielle de 2013 (7,5 millions de voix).
- Accentuer la pression -
Certaine d'avoir le nombre de signatures nécessaires, la MUD a déjà convoqué une manifestation, mercredi à Caracas, pour accentuer la pression sur le Conseil national électoral.
Mais le chemin vers le référendum sera une longue course d'obstacles, soulignent les experts. "Nous avons un problème de calendrier et de volonté politique", a déclaré à l'AFP le constitutionnaliste José Ignacio Hernandez.
Pour l'opposition, il est crucial que le référendum ait lieu avant le 10 janvier 2017, car si M. Maduro est révoqué avant cette date, il y aura des élections anticipées. Si, au contraire, le référendum se tient après cette échéance et que le président vénézuélien le perd, il pourrait désigner son vice-président.
La sévère crise économique qui frappe le Venezuela figure en tête des motivations des opposants pour demander le départ de M. Maduro du pouvoir.
Le pays, dont l'économie s'est effondrée avec la chute des prix du pétrole, est en ébullition. Pillages et lynchages se font plus nombreux, les habitants étant las d'une pénurie qui frappe 80% des aliments, d'une criminalité en hausse et de la pire inflation au monde (180,9% en 2015 et 720% en 2016, selon le Fonds monétaire international).
Le Fonds latino-américain de réserve (FLAR) a d'ailleurs indiqué lundi avoir approuvé un crédit de 482,5 millions de dollars à la Banque centrale du Venezuela, pour "contribuer à la stabilité économique de la région".
De son côté, le dirigeant socialiste exclut que ce référendum, s'il a lieu, puisse se tenir cette année. Il estime que les délais légaux ne le permettent pas.
Nicolas Maduro, successeur du président Hugo Chavez, l'ex-leader de la gauche radicale latino-américaine décédé en 2013, est en outre confronté à des défections dans son propre camp : mi-juillet, trois ex-ministres d'Hugo Chavez, Hector Navarro, Gustavo Marquez et Ana Elisa Osorio, ainsi qu'un général à la retraite, Cliver Alcala, se sont prononcés en faveur du référendum.
- 'Protestation et pression internationale' -
En cas de consultation, le président serait largement battu: selon un sondage de l'institut Venebarometro, publié lundi, 64% des Vénézuéliens voteraient pour son départ.
Le CNE "ne peut pas accélérer le référendum (révocatoire) ni le retarder. Que doit-on faire? Nous en tenir aux délais prévus", se justifie Tibisay Lucena, la présidente de l'autorité électorale.
Or, selon le constitutionnaliste José Ignacio Hernandez, les différents étapes du processus permettent bien au référendum de se tenir en décembre ou, au plus tard, début janvier, mais "tout dépend de la volonté du CNE".
Si cet organisme "fait durer les choses, la conflictualité sociale augmentera et les seules voies qui resteront seront celle de la protestation et de la pression internationale", a ajouté cet expert.
"Nous ne permettrons par que le gouvernement vole au peuple son droit au changement", a promis un des leaders de l'opposition, Henrique Capriles.

Par Colette LARRABURU - © 2016 AFP
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