Etats-Unis

Du calme à l'emportement, Donald Trump comme en campagne

  • Publié le 12 janvier 2017 à 00:40

Il plaisante, vante ses succès passés, passe tour à tour d'une voix posée à un ton menaçant: pour sa première conférence de presse depuis six mois, Donald Trump a joué un registre très proche de celui de sa campagne.

A neuf jours de sa prestation de serment comme 45e président des Etats-Unis, l'homme d'affaires de 70 ans explique, depuis le gratte-ciel qui porte son nom au coeur de Manhattan, avoir un temps cessé de répondre aux questions car "il y avait beaucoup d'informations inexactes". Au pupitre dans le lobby en marbre de la Trump Tower, à quelques pas de l'escalator d'où il était apparu pour lancer sa candidature le 16 juin 2015, le président-élu distribue les bons et les mauvais et points à ceux qui l'interrogent.

"C'est bon, j'ai compris... vous en avez d'autres ?", lance-t-il à un journaliste qui enchaîne les questions. "Cela a été relaté de manière assez exacte par le New York Times", assène-t-il un peu plus tard évoquant ses projets sur Obamacare. "Oh, je n'avais jamais entendu ça", ironise le successeur de Barack Obama, agacé, à l'attention d'une jeune femme qui l'interroge sur sa déclaration d'impôt qu'il n'a jamais publiée. "Les seuls qui s'intéressent à cela sont les journalistes..."

"BBC News, encore une merveille", lance-t-il ironique, à un correspondant du groupe britannique qui lui pose une question. A sa droite, à quelques mètres du podium, son vice-président Mike Pence et sa famille: ses fils Eric et Donald Jr, sa fille Ivanka.

Symbole de la nouvelle répartition des rôles: le mari de cette dernière, Jared Kushner, qui vient d'être nommé haut conseiller à la présidence, est de l'autre côté de la pièce, avec le reste de la future équipe présidentielle.

- "Non, pas vous !" -

Les deux mains posées de chaque côté du podium, le début de conférence de presse est plutôt calme: "J'ai un grand respect pour la liberté de la presse et tout ça".

Il reprend nombre de ses expressions de campagne, assure qu'il sera "le plus grand créateur d'emplois que Dieu ait jamais créé", évoque "un mouvement que le monde n'avait jamais vu".

"Nous aurons besoin d'une dose d'autres choses aussi, dont un peu de chance", ajoute-t-il, évitant de rentrer dans les détails - "des trucs très compliqués" lâche-t-il à propos de la façon dont il entend remplacer la réforme de la couverture-maladie mise en place par Barak Obama.
Mais le ton s'échauffe lorsque le prochain locataire de la Maison Blanche évoque les informations diffusées la veille par plusieurs médias américains sur ses liens présumés avec la Russie. Index dressé, il parle des "choses horribles" faites par son opposant Hillary Clinton durant la campagne.

Il attaque avec virulence le site Buzzfeed - "un tas d'ordures" - qui a publié les 35 pages de notes au coeur de la tempête. Il s'en prend longuement au correspondant de CNN, assis au premier rang, qui tente en vain de poser une question. "Non, pas vous ! Votre organisation est horrible. Taisez-vous ! Non, je ne vous donnerai pas de question".

Au milieu du brouhaha des journalistes tentant de capter son attention, la conférence de presse s'achève de manière inattendue, abrupte.
"J'espère que dans huit ans, je reviendrai et je dirai (à ses deux fils qui géreront son groupe immobilier): "Oh, vous avez fait fait du bon boulot".
"Et s'ils dont du mauvais boulot, je leur dirai: vous êtes virés", conclut-il en riant avant de s'engouffrer dans l'ascenseur de l'immense tour de verre où il vit et qu'il quittera bientôt pour rejoindre la Maison Blanche, plus vieux bâtiment public de Washington.

AFP

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