Etats-Unis

Terrorisme, criminalité et immigration en Suède: Trump dit-il vrai?

  • Publié le 20 février 2017 à 20:39

Après Paris, Nice et Berlin, la Suède paierait au prix fort sa généreuse politique d'asile: les déclarations de Donald Trump ont stupéfié les Suédois, mais qu'en est-il vraiment du lien entre immigration, délinquance et terrorisme dans le pays scandinave?- Qu'a dit Donald Trump? "Regardez ce qui se passe en Allemagne, regardez ce qui s'est passé hier soir en Suède".

La Suède, qui l'aurait cru? La Suède. Ils ont accueilli beaucoup de réfugiés, et maintenant ils ont des problèmes comme ils ne l'auraient jamais pensé", a déclaré le président dans un discours samedi à Melbourne (Floride). Il ne s'y est en fait rien passé de grave vendredi soir, et M. Trump a précisé qu'il se référait à un reportage diffusé sur Fox News donnant l'image d'un pays à feu et à sang.

Il a publié un nouveau Tweet lundi accusant, sans les identifier, certains médias de minimiser la situation: "Les médias BIDONS veulent nous faire croire que l'immigration à grande échelle fonctionne bien en Suède. NON!"

- Y a-t-il déjà eu des actes de terrorisme en Suède?

Oui, mais pas depuis la vague migratoire historique de 2014-2015, qui a vu la Suède accueillir 244.000 demandeurs d'asile (dont 34% de Syriens et 10% d'Irakiens), la plus forte proportion par habitant en Europe.

Le 11 décembre 2010, un Suédois d'origine irakienne, Taymour Abdel Wahab, est mort en se faisant sauter dans une rue piétonne du centre de Stockholm, faisant deux blessés légers. Plus récemment, la Maison Blanche a inclus dans une liste de 78 attaques terroristes dont les médias auraient trop peu parlé une attaque au cocktail Molotov en octobre contre un local de prière musulman (chiite) à Malmö (sud). Un Syrien a été arrêté dans cette affaire, qui n'a fait aucun blessé.

La menace terroriste est jugée élevée en Suède avec le retour progressif de dizaines de personnes sur les 300 parties rejoindre les rangs de l'État islamique en Syrie et en Irak. Un jihadiste suédois détenu en Belgique, Osama Krayem, est considéré comme un trait d'union entre les groupes qui ont frappé Paris en novembre 2015 et Bruxelles en mars 2016.

- La criminalité a-t-elle augmenté depuis l'arrivée de nombreux réfugiés?

Selon les statistiques officielles, l'année où le nombre des atteintes aux personnes par habitant a été le plus élevé a été 2011, donc avant la récente vague d'immigration.

La police suédoise n'établit pas de statistiques ethniques. Néanmoins, elle a attribué en 2016 un code aux délits impliquant des immigrés très récents. D'après un policier cité par le quotidien Dagens Nyheter début 2016, ce code s'appliquait à 1% des enquêtes, soit grosso modo la part de ces immigrés dans la population.

En janvier 2016, le meurtre d'une travailleuse sociale par un réfugié éthiopien a choqué le pays. Les demandeurs d'asile sont aussi victimes de la criminalité: l'an dernier, 92 centres d'hébergement ont été la cible d'incendies volontaires.

- La criminalité est-elle plus élevée chez les étrangers en général?

Oui. Le Conseil suédois de prévention de la délinquance (BRÅ) a réalisé des études montrant que les immigrés sont en moyenne deux fois plus représentés dans les statistiques de la délinquance que les personnes nées de deux parents nés en Suède.

Mais les mêmes études montrent qu'à conditions sociales comparables, le risque d'avoir à faire à la justice est quasi équivalent. En Suède, le chômage des personnes nées à l'étranger est quatre fois supérieur à celui des personnes nées en Suède.

- Existe-t-il des zones de non-droit en Suède?

Non, mais la ségrégation est réelle dans les grandes villes. Et les services de l'État (police, pompiers, Samu) sont régulièrement la cible de caillassages dans certains quartiers dits sensibles.

La Suède reste l'un des pays les moins criminogènes au monde avec un taux d'homicides de 1,1 pour 100.000 habitants en 2015 (source: BRÅ), soit 4,5 fois moindre qu'aux États-Unis (4,9 selon le FBI).

AFP

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