Peu d'enthousiasme pour le renouvellement des vigies-requins

Les usagers de la mer entre impatience et résignation

  • Publié le 16 novembre 2014 à 05:15

Après avoir été remis en cause par le rapport de Bernard Séret et la préfecture de La Réunion, le dispositif vigies-requins a finalement été prolongé pour une expérimentation opérationnelle à partir du mois de décembre, a annoncé ce samedi 15 novembre 2014 la ligue réunionnaise de surf. La nouvelle - qui est un véritable retournement de situation de quelques jours - n'a pourtant pas eu l'accueil escompté parmi les pratiquants. En effet, le cadre très réglementé du dispositif ne permet pas encore la pratique libre du surf et maintient les restrictions de l'arrêté préfectoral pour au moins 6 mois, voire un an. De quoi décevoir les freeriders et les professionnels qui attendaient une réponse plus efficace à la crise requin.

Samedi matin, Eric Sparton pensait apporter une bonne nouvelle à ses collègues, amis et connaissances du monde du surf : le dispositif vigies-requins, qui avait été mis à mal par le rapport du Muséum d’histoire naturelle et par le préfet de La Réunion, sera finalement à nouveau prolongé grâce à un partenariat entre la ligue de surf, la Région Réunion et l’Etat.

Mais en lieu et place d’encouragements voire d’applaudissements, le président de la ligue réunionnaise de surf a surtout recueilli l’indignation, l’incompréhension et le ras-le-bol de pratiquants. "Si j'ai bien compris, on n'avance pas depuis un an !", a interpellé l’un des surfeurs présent lors de la conférence de presse.

"Cela fait trois ans et demi que nous sommes au point mort. Ca commence vraiment à peser lourd cette histoire. Il y a eu des catastrophes humaines, des entreprises qui ferment… et maintenant on nous dit qu’il faut encore attendre 6 mois voire un an pour retourner à l’eau en toute légalité. C’est une non-annonce", regrette un habitué du spot de Boucan Canot.

En effet, dans un premier temps, le dispositif vigies-requins qui sera mis en place concernera uniquement les compétiteurs du Pôle espoir de la ligue. La pratique libre du surf n’est toujours pas à l’ordre du jour, mais Eric Sparton se veut positif et souhaite souligner la rapidité de réaction des institutions pour prolonger les vigies.

"Aujourd’hui, je pense que nous sommes arrivés à la fin de la galère. Ca c’est décidé en très peu de jours, la région a été très réactive sur ce point. Il a fallu prendre des décisions et le courage de prendre en charge ces vigies. On redémarre nos activités, tout va bien. Certes, cela concerne une petite partie dans un premier temps. Mais si on peut assurer la sécurité du Pôle espoir, cela nous ouvrira ensuite de nouvelles perspectives", assure le président de la ligue réunionnaise du surf.

Les surfeurs, mais également les professionnels ont voulu interpeller l’opinion publique sur leur situation suite à la crise requin. "Il y avait un espoir important d’une reprise d’activité pour les professionnels qui se retrouve aujourd’hui bien compromis", regrette Agnès Lavaud, chargée de mission du syndicat professionnel des activités de loisirs.

"Il nous faut travailler sereinement à la recherche d’un dispositif de sécurisation, mais nous avons une génération qui ne peut plus attendre des solutions. Il faut les aider à les faire sortir de l’eau et faire le deuil de leur métier. Accompagnons-les vers un meilleur avenir en leur permettant d’avoir accès à un plan de reconversion", demande la représentante du Sypral.

Pour Paul-Emile Vernadet, technicien de la direction régionale de la jeunesse des sports et de la cohésion sociale, le dispositif aura "par déclinaison un impact positif pour l’activité des professionnels." "La mission de la ligue de surf est déjà de permettre la pratique des licenciés et indirectement de l’ensemble des pratiquants. Si le secteur professionnel en profite : tant mieux. Mais dans un premier temps, il était essentiel de permettre la reprise des activités avec le prolongement de l’expérimentation en phase opérationnelle", nuance le membre de la DRJSCS.

In fine, le message passé auprès des pratiquants et du monde économique reste le même : "wait and see." Si la crise requin est déjà connue pour ses querelles entre usagers de la mer et associations environnementales, sa longue durée risque de créer de nouvelles tensions entre représentants du monde sportifs et pratiquants impatients de retrouver la mer en toute légalité… et sécurité. Après cette nouveau délai demandé, sont-ils toujours aussi confiants ? "J’y crois encore, la preuve c’est que je suis encore là...", confie Agnès Lavaud.

www.ipreunion.com

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