La SRPP vit ce vendredi 27 février 2015 son deuxième jour de grève illimitée. D'un commun accord avec la direction, les salariés mobilisés ont décidé d'assurer un service minimum ce jeudi "afin de ne pas trop pénaliser les usagers." "Je pense que 30 % des stations-service seront alimentées ce matin", précise Evenor Caritchy, délégué syndical CFDT. Dans le cadre du rachat de la société par le groupe français Rubis, les employés réclament une prime pour récompenser les travailleurs. Les négociations sont pour le moment au point mort.
Au Port, les camions-citernes font toujours la queue devant le siège de la SRPP. Si la grève illimitée continue, un bon tiers des stations-service pourront être ravitaillées ce vendredi d'après les organisations syndicales. En revanche, celles appartenant à Total et Shell - actionnaires de la SRPP - ne seront pas alimentées étant donné que les chauffeurs de ces groupes sont également en grève.
Les salariés de la Société réunionnaise de produits pétroliers réclament toujours le versement d'une prime suite au rachat de l'entreprise par le groupe français Rubis. Malgré l'action des grévistes, les négociations sont toujours au point mort. "Nous sommes au statu quo. La direction locale de la SRPP ne peut prendre de décision et attend des ordres de Paris", déplore Evenor Caritchy, délégué syndical CFDT.
Même si la mobilisation entraîne un grand ras-le-bol chez les usagers de la route, la réclamation des employés est légitime pour le syndicaliste : "lors de leur changement d'actionnaire, les salariés de Engen ont eu plus de 6 mois de salaires de prime avec les partants et les arrivants. Pourquoi la SRPP - qui est une structure beaucoup plus grosse - ne peut pas le faire ? C'est un usage qui se pratique."
"Rubis est un groupe qui achète pour vendre"
Carl*, l'un des chauffeurs de camions-citernes posté devant la SRPP comprend les revendications des grévistes : "grâce aux salariés, la société s'est embellie. La SRPP est devenue quelque chose. […] Je trouve ça bien que les Réunionnais peuvent montrer leur force. Dans beaucoup de sociétés, les Réunionnais ne peuvent pas faire ça. Il y a des mots qu'on ne peut pas trop dire mais la colonisation est toujours là. On fait peut-être partie de la France, mais elle est très loin."
Pour cet homme, le rachat de la SRPP n'est pas une opération anodine. "Rubis, est un groupe qui achète pour vendre. Ils s'en foutent des enseignes, ils ne pensent qu'à la rentabilité. Si les grands groupes arrivent de métropole, c'est qu'il y a un potentiel financier ici. C'est une porte ouverte pour eux, et cela peut être bénéfique pour les consommateurs", assure-t-il.
En attendant de voir d'éventuelles répercussions sur la concurrence, le changement d'actionnaire à la tête de la SRPP mobilise toujours les salariés du Port qui n'avancent toujours pas dans les discussions. "La direction se refuge derrière un non catégorique, assurant qu'il n'y a pas de plan social", souligne Evenor Caritchy, qui n'est pas prêt à lever la grève.
*Le prénom a été changé.
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